• Roses de juin, vous les plus belles,

    Avec vos coeurs de soleil transpercés ;

    Roses de Juin et de Juillet

    Roses violentes et tranquilles, et telles

    Qu’un vol léger d’oiseaux sur les branches posés ;

    Roses de Juin et de Juillet

    Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,

    Bouches, baisers qui tout à coup s’émeuvent

    Ou s’apaisent, au va-et-vient du vent,

    Caresse d’ombre et d’or, sur le jardin mouvant ;

    Roses de Juin et de Juillet

    Roses d’ardeur muette et de volonté douce,

    Roses de volupté en vos gaines de mousse,

    Vous qui passez les jours du plein été

    A vous aimer, dans la clarté ;

    Roses de Juin et de Juillet

    Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos roses

    Oh ! que pareils à vous nos multiples désirs,

    Roses de Juin et de Juillet

    Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir

    S’entr’aiment, s’exaltent et se reposent !

    Roses de Juin et de Juillet

    Emile Verhaeren (les heures d'après-midi)


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  • Tu fais tourner les tournesols du presbytère, 

    Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher, 

    Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère, 

    Tu fais bouger des ronds par terre 

    Si beaux qu’on n’ose plus marcher !

    Je t'Adore, Soleil

    Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses, 

    Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! 

    Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses !

    Je t'Adore, Soleil

    Ô Soleil ! toi sans qui les choses 

    Ne seraient que ce qu'elles sont !

    Je t'Adore, Soleil

    Edmond Rostand

    (chantecler Hymne au soleil 1910)

     

     

     

     

     


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  • Près des étangs où la libellule voltige,

    Où, dans les soirs d'été, vient se baigner l'oiseau,

    On aperçoit l'Iris, qui tremble sur sa tige

    Et semble un papillon posé sur un roseau.

    L'Iris

    Du bleu foncé des mers elle reçut l'empreinte

    Prise à l'heure où la nuit noircit l'azur des cieux.

    Seule parmi les fleurs elle offre cette teinte,

    La plus chère à l'esprit et la plus douce aux yeux.

    L'Iris

    Sur la terre, du bleu la Nature est avare,

    Et les poètes sont réduits à le rêver ;

    Si le pinceau s'applique à le rendre moins rare,

    C'est que vers l'Idéal l'Art tend à s'élever.

    L'Iris

    Des Zéphirs printaniers docile messagère,

    Comme une voile au vent toujours prête à flotter,

    La forme de l'Iris, vaporeuse et légère,

    Est l'image de l'âme en train de nous quitter.

    L'Iris

    Aux rayons du soleil qui brille sur la plage,

    Sa transparence émet une lueur dans l'air,

    Semblable au feu follet qui court avant l'orage

    Et disparait soudain, absorbé dans l'éther.

     

    Charles Rouvin "La poésie des fleurs" 1890


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