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Par Naniland89 le 25 Août 2018 à 00:15
J'eus dans ma blonde enfance, hélas ! trop éphémère,
Trois maîtres : - un jardin, un vieux prêtre et ma mère.
(écrit le 9 juillet 2009 * lune* était mon surnom sur mon tout premier blog)
Le jardin était grand, profond, mystérieux,
Fermé par de hauts murs aux regards curieux,
Semé de fleurs s'ouvrant ainsi que les paupières,
Et d'insectes vermeils qui couraient sur les pierres ;
Plein de bourdonnements et de confuses voix ;
Au milieu, presque un champ, dans le fond, presque un bois.
Le prêtre, tout nourri de Tacite et d'Homère,
Etait un doux vieillard. Ma mère - était ma mère !
Victor Hugo
Les rayons et les ombres 1840
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Par Naniland89 le 19 Août 2018 à 00:15
Voici que je défaille et tremble de vous voir,
Bel été qui venez jouer et vous asseoir
Dans le jardin feuillu, sous l'arbre et la tonnelle.
Comme votre douceur sur mon âme ruisselle !
Je retrouve le pré, l'étang, les noyers ronds,
Les rosiers vifs avec leurs vols de moucherons,
Le sapin dont l'écorce est résineuse et chaude ;
Tout le miel de l'été aromatise et rôde
Dans le vent qui se pend aux fleurs comme un essaim.
- On voit déjà gonfler et mûrir le raisin ;
L'odeur du blé nombreux se lève de la terre,
Le jour est abondant et pur, l'air désaltère
Comme l'eau que l'on boit à l'ombre dans les puits,
Le jardin se repose, enfermé dans son buis...
- Ah ! moment délicat et tendre de l'année,
Je vais vous respirer tout au long des journées
Et presser sur mon coeur les moissons du chemin ;
Je vais aller goûter et prendre dans mes mains
Le bois, les sources d'eaux, la haie et ses épines.
- Et, lorsque sur le bord rosissant des collines
Vous irez descendant et mourant, beau soleil,
Je reviendrai, suivant dans l'air calme et vermeil
La route du silence et de l'odeur fruitière,
Au potager fleuri, plein d'herbes familières,
Heureuse de trouver, au cher instant du soir,
Le jardin sommeillant, l'eau fraîche, et l'arrosoir...
ANNA DE NOAILLES
(Le coeur innomérable 1901)
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Par Naniland89 le 11 Août 2018 à 00:15
Emblème de la nuit, ta fleur rougeâtre et sombre,
Géranium, attend la nuit pour embaumer.
Ton parfum hait le jour et se répand dans l'ombre.
Oh ! dites, dites-moi, vous qui savez aimer,
Dieu, comme cette fleur, n'a-t-il pas fait votre âme ?
N'est-il pas vrai qu'à ceux dont le cœur est de flamme
Le monde et la clarté sont toujours importuns ?
Et n'est-ce pas la nuit, et sous l'œil solitaire
De la lune voilée, amante du mystère,
Que l'amour doit sur nous épancher ses parfums ?
Alphonse de LAMARTINE
(Œuvres posthumes – 1845)
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