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Par Naniland89 le 24 Février 2018 à 00:15
Grands marronniers de la terrasse
Vont bientôt fleurir, à Saint-Jean,
La villa d'où la vue embrasse
Tant de monts bleus coiffés d'argent.
La feuille, hier encore pliée
Dans son étroit corset d'hiver,
Met sur la branche déliée
Les premières touches de vert.
Mais en vain le soleil excite
La sève des rameaux trop lents ;
La fleur retardataire hésite
A faire voir ses thyrses blancs.
Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,
Et le pommier, que l'aube arrose,
S'épanouit dans sa candeur.
La véronique s'aventure
Près des boutons d'or dans les prés,
Les caresses de la nature
Hâtent les germes rassurés.
Il me faut retourner encore
Au cercle d'enfer où je vis ;
Marronniers, pressez-vous d'éclore
Et d'éblouir mes yeux ravis.
Vous pouvez sortir pour la fête
Vos girandoles sans péril,
Un ciel bleu luit sur votre faîte
Et déjà mai talonne avril.
Par pitié, donnez cette joie
Au poète dans ses douleurs,
Qu'avant de s'en aller, il voie
Vos feux d'artifice de fleurs.
Grands marronniers de la terrasse,
Si fiers de vos splendeurs d'été,
Montrez-vous à moi dans la grâce
Qui précède votre beauté.
Je connais vos riches livrées,
Quand octobre, ouvrant son essor,
Vous met des tuniques pourprées,
Vous pose des couronnes d'or.
je vous ai vus, blanches ramées,
Pareils aux dessins que le froid
Aux vitres d'argent étamées
Trace, la nuit, avec son doigt.
Je sais tous vos aspects superbes,
Arbres géants, vieux marronniers,
Mais j'ignore vos fraîches gerbes
Et vos arômes printaniers.
Adieu, je pars lassé d'attendre ;
Gardez vos bouquets éclatants !
Une autre fleur suave et tendre,
Seule à mes yeux fait le printemps.
Que mai remporte sa corbeille !
Il me suffit de cette fleur ;
Toujours pour l'âme et pour l'abeille
Elle a du miel pur dans le coeur.
Par le ciel d'azur ou de brume
Par la chaude ou froide saison,
Elle sourit, charme et parfume,
Violette de la maison !
THEOPHILE GAUTHIER
EMAUX ET CAMEES, LA FLEUR QUI FAIT LE PRINTEMPS 1852
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Par Naniland89 le 17 Février 2018 à 00:15
Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe,
Modeste en ma couleurn modeste en mon séjour ;
Mais si sur votre front je me puis voir un jour,
La plus humble des fleurs sera superbe,
Extrait:
JEAN DESMARETS DE SAINT SOBLIN.
LA GUIRLANDE DE JULIE 1641.
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Par Naniland89 le 10 Février 2018 à 00:15
J’ai sommeillé six mois sous mon voile de neige.
Oh ! Que la neige est froide à l’âme d’une fleur !
Mais je pousse ma tête au ciel qui la protège,
Et je perce mon voile et je reprends couleur.
Et je cause avec l’air, dont je pleurais l’absence,
L’air qui m’étreint d’amour et fait trembler mon front.
Pour les premiers bouquets les enfants me prendront,
Et l’oiseau réchauffé chantera ma présence.
Photo de Mercredi 7 Février 2018
Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)
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